L’Etat refuse de faire crédit à la caisse de retraites complémentaires Agirc-Arrco

09 juin 2020

L’organisme, qui fait face à des problèmes de trésorerie, devra emprunter « de l’ordre de 2 milliards d’euros » pour sécuriser les pensions de juin et juillet.

L’Etat refuse de faire crédit à l’Agirc-Arrco, la caisse de retraites complémentaires des salariés du privé. Cette fin de non-recevoir a été notifiée dans un courrier du 29 mai que Le Monde a pu consulter : il est signé par le ministre de l’action et des comptes publics, Gérald Darmanin, par son collègue chargé des solidarités et de la santé, Olivier Véran, et par le secrétaire d’Etat chargé des retraites, Laurent Pietraszewski. Ces trois membres du gouvernement rejettent la demande d’avance remboursable qui avait été formulée par le président (CFDT) du régime, Jean-Claude Barboul, et par son vice-président (Medef), Didier Weckner.

L’Agirc-Arrco dispose certes de copieuses réserves financières – 65 milliards d’euros en 2019. Mais ce pactole est constitué d’obligations et d’actions (à hauteur, respectivement de 70 % et de 30 %) : or, certaines d’entre elles ont vu leur valeur chuter au cours des derniers mois. MM. Barboul et Weckner ont donc jugé qu’il n’était pas opportun de piocher dans ces actifs.

Mécanisme de garantie de financement

A la place, ils ont souhaité pouvoir bénéficier d’un outil mis en place par l’une des ordonnances du 25 mars : un mécanisme de garantie de financement en faveur des régimes complémentaires obligatoires de Sécurité sociale, qui prévoit notamment que l’Agence centrale des organismes de Sécurité sociale (Acoss) peut attribuer des prêts et avances de trésorerie d’une durée inférieure à douze mois.

Mais l’Etat ne l’entend pas de cette oreille. MM. Darmanin, Pietraszewski et Véran estiment, en effet, qu’« vu des éléments communiqués », l’Agirc-Arrco peut s’en sortir sans faire appel aux pouvoirs publics (…) 

Les incidences de la crise n’ont cependant pas fini de se faire sentir. L’Agirc-Arrco, dont les comptes étaient redevenus excédentaires en 2019 après une décennie de déficit, va replonger dans le rouge. En réponse à ce déséquilibre, le régime devrait être amené à ponctionner une partie de ses réserves financières, selon M. Pihet.

https://www.lemonde.fr/politique/article/2020/06/09/l-etat-refuse-de-faire-credit-a-la-caisse-de-retraites-complementaires-agirc-arrco_6042291_823448.html