Télétravail, les entreprises dans le flou

31 août 2020

Prendre les devants, pour ne pas se laisser surprendre. Chez le géant mondial de l’affichage urbain JCDecaux, les quelque 3 000 salariés sont tous logés à la même enseigne. A leur retour de vacances, ils doivent respecter une stricte quatorzaine avant de remettre les pieds dans l’entreprise.

Une négociation qui débute en pleine reprise de la pandémie, et alors qu’Elisabeth Borne, la ministre du Travail, recommande la généralisation du travail à distance là où il est possible.

Pour Thierry Raulin, DRH du groupe JCDecaux, l’issue de la discussion ne fait guère de doute : « Deux jours de télétravail par semaine pour les salariés volontaires hors personnel itinérant.

Parmi les termes de l’accord, un défraiement de 10 euros par mois et par collaborateur pour couvrir des frais comme l’abonnement Internet ou la facture d’électricité sera également négocié.

De fait, les zones grises sont nombreuses : que recouvrent exactement les frais de télétravail ?

Les titres-restaurants doivent-ils être maintenus pour les jours télétravaillés ? En cas de blessure au domicile, s’agit-il d’un accident du travail ? Un salarié peut-il refuser de se mettre en télétravail ou demander à revenir au bureau ?

 

Le télétravail, un privilège de “cols blancs”

Avant la pandémie, environ 7 % seulement des salariés français pratiquaient le télétravail, révèle une étude de la Dares, le service des statistiques du ministère du Travail. Mais avec des différences marquées selon les catégories socioprofessionnelles : un peu plus de 11 % des cadres, à peine 0,2 % des ouvriers. La crise sanitaire a tout bousculé. Si le potentiel de télétravail des quelque 4,9 millions de cadres est très important, une grande partie des employés (7,3 millions) des services marketing, commercial ou ressources humaines pourrait aussi basculer. Mais une majorité d’ouvriers (5,5 millions de salariés) devrait rester à l’écart.

Emmanuel BOTTA, Béatrice MATHIEU

L’Express du 26 août 2020