Le taux de chômage en route vers son plus bas niveau depuis 2008

06 octobre 2021

Porté par une hausse spectaculaire de l'emploi, supérieure à celle de la population active, le taux de chômage est attendu à 7,6 % d'ici à la fin de l'année. Si l'on met 2020, année atypique, de côté, il faut remonter à la fin de 2008 pour retrouver un niveau aussi bas.



Si la prévision de l'Insee se confirme, le taux de chômage aura baissé de 1,9 point depuis le début du quinquennat. (SIPA)

 

Emmanuel Macron ne s'est pas encore déclaré candidat à sa réélection et va sans doute attendre encore pour le faire. Sa future équipe de campagne peut d'ores et déjà mettre au bilan un résultat sur lequel peu de personnes auraient parié il y a quelques mois et après lequel son prédécesseur n'a cessé de courir : l'inversion de la courbe du chômage.

Le taux de chômage mesuré au sens du Bureau international du travail (BIT) va refluer de 0,4 point en moyenne en France hors Mayotte au troisième trimestre, anticipe l'Insee dans sa note de conjoncture publiée ce mercredi. Il atteindra alors 7,6 % de la population active et se stabilisera sur les trois derniers mois de l'année. « La prévision ne comporte pas énormément d'incertitude », a précisé le chef du département de la conjoncture de l'Institut, Julien Pouget.

Pour rappel, trois conditions sont nécessaires pour être considéré comme chômeur au sens du BIT : être sans emploi, avoir effectué une démarche active de recherche dans les quatre dernières semaines - ou en avoir trouvé un qui commence dans les trois mois - et se déclarer disponible dans les deux semaines pour en occuper un.

Objectif 7 % à portée

Si l'on met de côté le millésime 2020, marqué par des mouvements de yoyo atypiques du fait des périodes de confinement, il faut remonter à l'automne 2008 pour retrouver un taux de chômage aussi bas. Pour rappel, il était encore de 9,5 % au deuxième trimestre 2017. Sauf retournement conjoncturel d'ampleur, l'objectif de 7 % que le chef de l'Etat s'était fixé pour la fin du quinquennat redevient crédible.

 



"Finalement, en deux années marquées par la crise sanitaire, 222.000 emplois salariés nets auraient été créés entre fin 2019 et fin 2021."

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La très forte baisse du taux de chômage s'explique par un double mouvement, selon le chef de la division synthèse conjoncturelle de l'Insee, Olivier Simon. Primo, le fort acquis des créations d'emplois salariés : +149.000 et +289.000 sur les premier et deuxième trimestres respectivement. La tendance à la hausse va se poursuivre, mais plus modérément (+56.000 au troisième et +20.000 au quatrième).

La population active progressera elle aussi d'ici à la fin de l'année, mais moins que l'emploi. « La hausse de la population active depuis le début de l'année s'explique notamment par le retour sur le marché du travail d'une partie des personnes qui en étaient sorties au cours de la crise sanitaire », précise l'Insee.

L'industrie à la traîne

Plus que le taux de chômage, le plus surprenant reste l'évolution de l'emploi salarié, qui a repris des couleurs bien plus vite que le PIB. Au total, l'Insee s'attend à ce qu'il augmente de 514.000 cette année, renvoyant les 300.000 destructions de 2020 au rang de mauvais souvenir. A telle enseigne que les effectifs, intérim inclus, dans la construction, le tertiaire marchand et non marchand ont largement dépassé leur niveau de fin 2019, seule la construction accusant encore le coup.

« Finalement, en deux années marquées par la crise sanitaire, 222.000 emplois salariés nets auraient ainsi été créés entre fin 2019 et fin 2021, contre 217.000 par an en moyenne entre 2015 et 2019 », résume l'Insee. Si l'on rajoute les non-salariés, le bilan est aussi plus que positif (+211.000).

Mieux, le rebond depuis le début d'année concerne toutes les classes d'âges, en particulier les jeunes. De quoi nourrir l'argumentaire du gouvernement en faveur d'un recentrage de son projet de revenu d'engagement sur les plus précaires parmi les moins de 26 ans.

Par Alain Ruello - publié le 6 octobre 2021 dans les Echos