Inflation : la tension monte sur les salaires dans les entreprises

30 avril 2022

La nouvelle hausse du SMIC au 1er mai pourrait contribuer à raviver les tensions salariales.
Les entreprises lâchent du lest face à l'inflation mais rechignent à revenir à un modèle dominé par les augmentations générales et s'inquiètent des incertitudes qui pèsent sur la conjoncture.

Lire l’article complet de Leïla de Comarmond Publié le 29 avr. 2022.



Trois augmentations du SMIC en six mois. Cela faisait longtemps qu'on n'avait pas vu ça. De telles hausses impactent directement les entreprises qui emploient beaucoup de salariés peu qualifiés mais pas seulement, au vu des minima prévus dans les autres branches dont beaucoup vont se retrouver impactées par la hausse du salaire minimum de dimanche, 1er mai.
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Les entreprises qui, comme Safran, en sont à leur deuxième négociation salariale sur 2022 sont une exception. Mais « ça pousse très fort du côté des salariés et des syndicats », note Pierre Ferracci, le président du Groupe Alpha, spécialisé dans le conseil aux CSE. « Les employeurs, comme l'exécutif, feraient bien de prendre en compte la revendication qui monte et dépasse celle du pouvoir d'achat : celle d'une répartition plus équilibrée entre rendement du capital et du travail », avertit-il.

« Un juste retour »
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Selon l'enquête flash qu'il a publiée en février, Deloitte tablait sur « des budgets d'augmentation prévisionnels à la hausse, proches des niveaux d'avant crise, sur fond de reprise économique et de forte inflation ». Sans pour autant que les représentants du personnel ne fassent preuve d'un grand optimisme.

Des augmentations « très largement individualisées »

Quelque 58 % de ceux interrogés pour le baromètre annuel de Syndex, qui conseille les CSE, s'attendaient, fin 2021, à des négociations salariales difficiles en 2022. Et c'était avant la guerre en Ukraine et l'amplification de la flambée des prix des matières premières, ce qui complique l'équation des entreprises.
On peut y voir le signe que toutes ne sont pas dans la même situation économique. Mais aussi que la tendance n'est pas forcément au grand retour des augmentations générales de salaire auxquelles les patrons restent réticents, a fortiori dans un climat d'incertitude.

« Le rebond rapide de l'emploi et de l'activité s'est accompagné d'importantes pénuries de main-d'oeuvre, ce qui a fait émerger un nouvel enjeu pour les entreprises : celui de la rétention et de l'engagement de leurs salariés dans un contexte de mobilité professionnelle accrue », note un expert.
« Sur des activités tendues comme le digital, c'est le marché qui dicte les salaires » et « les augmentations sont très largement individualisées, au recrutement évidemment mais aussi pour retenir les salariés », note Hubert Giraud, de Syntec.

Prévoyance, primes mobilité

« Les entreprises sont toujours dans une recherche d'individualisation des politiques salariales », constate Claire Morel, membre du comité de direction de Syndex. Elle pointe aussi la montée en puissance des éléments accessoires au salaire, prévoyance, primes mobilité, en réponse à la hausse du prix du carburant, ou primes tout court, notamment la prime Macron.
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