Un Trésor de 100 millions d'euros pour le PDG de Schneider Electric

25 octobre 2022

La rémunération de Jean-Pascal Tricoire explose avec l’envolée de son cours de bourse. Deux tiers de ses primes sont touchées en Asie et non-imposées en France.

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Demain, Luc Rémont sera nommé PDG d’EDF après l’aval des députés et sénateurs. Directeur général des opérations internationales de Schneider Electric, il est le deuxième dirigeant à quitter le groupe en six mois. En avril, Christel Heydemann, jusqu’ici directrice générale des activités européennes, est devenue directrice générale d’Orange. Ils avaient bien compris que le PDG de Schneider Electric n’était pas prêt à lâcher son poste qu’il occupera jusqu’en 2025.

Pas de raison pour lui de céder sa place alors qu’il est l’un des patrons du CAC 40 les plus reconnus… et les mieux payés. Moins connu que Patrick Pouyanné (TotalElnergies) ou Bernard Charlès (Dassault Systèmes), Jean-Pascal Tricoire dispose d’un trésor qu’il a accumulé pendant ses quinze années de règne chez Schneider Electric. Il détient près de 800.000 actions (793.239), selon le rapport annuel du groupe. Au cours actuel de 127 euros, elles sont valorisées à … 100 millions d’euros.



Depuis qu’il a pris les rênes du groupe en 2006, il touche entre 45.000 et 60.000 actions gratuites chaque année. Une "prime" d’environ 3 millions d’euros par an en plus d’un salaire fixe d’un million d’euros et d'un salaire variable de 2 millions d’euros. Ces actions bénéficient d’un cours de Bourse qui a triplé en dix ans, illustrant le succès de Schneider Electric. La taille du groupe a doublé sous son impulsion: le chiffre d’affaires est passé de 15 à 30 milliards et la marge (brute) de 2,6 à 5 milliards.

Le conseil d’administration calme le jeu

Sauf que la rémunération de Jean-Pascal Tricoire s’est envolée avec le cours de Bourse. Depuis 2020, il a doublé et même culminé à 170 euros fin 2021, au moment où le conseil d’administration lui attribuait de nouvelles actions gratuites. A tel point qu’en mars 2022, le PDG a reçu 37.903 actions, bien moins qu’habituellement, "compte tenu de l’augmentation du prix de l’action et de la volonté de maintenir un esprit de modération", explique le rapport annuel.

La direction de Schneider Electric a voulu calmer le jeu. Fin 2021, Jean-Pascal Tricoire a touché 60.000 actions, attribuées en 2019, valorisées à plus de 10 millions d’euros, selon les comptes de l’entreprise. Des montants supérieurs aux rémunérations des grands groupes français auxquels Schneider Electric se compare comme Airbus ou Air Liquide.

Peu d’impôts payés en France

Pour autant, Jean-Pascal Tricoire n’est pas perdant. Depuis dix ans, il perçoit deux tiers de ses actions liées à ses autres fonctions de dirigeants de filiales: il est aussi président de la région Asie et président de Schneider Electric Asie-Pacifique. Cette rémunération n’est pas touchée en France, où siège le groupe, mais à Hong Kong, où réside le PDG depuis dix ans. Il ne paie donc pas d’impôt en France sur cette partie.

(...) c’est environ 15% de sa rémunération annuelle qui est imposée en France.

Matthieu Pechberty / Journaliste BFM Business