Démission silencieuse : comment la repérer et comment y pallier ?

15 octobre 2022

Depuis plusieurs semaines, le terme " quiet quitting ", démission silencieuse en français, envahit les médias et les réseaux sociaux. En réalité, le phénomène n'est pas nouveau, mais les managers qui le repèrent doivent réagir rapidement.
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(...) Le quiet quitting, tel qu'il est appelé outre-Atlantique, agite l'application Tiktok depuis cet été. Tout est parti du post de l'internaute @zaidleppelin. Le 25 juillet, cet influenceur appelle ses abonnés à arrêter "de [se] tuer à la tâche, de cautionner la hustle culture (la culture du burn-out)".
"Le travail n'est pas votre vie et votre valeur n'est pas indexée à votre productivité", avait-il affirmé. Le hashtag totalise aujourd'hui plus de 116 millions de vues sur la plateforme. Le phénomène de la démission silencieuse s'est depuis invité sur les réseaux sociaux et les médias français.


(...)  Contrairement à ce que sa traduction peut laisser penser, l'objectif du quiet quitting n'est ni de démissionner, ni de se faire virer. Il s'agit plutôt de "s'en tenir aux tâches prescrites, à ce qui est indiqué sur sa fiche de poste", renseigne Lucie Offrant, psychologue du travail et des organisations, pour qui la démission silencieuse est plutôt "une grève du zèle". Finis les heures supplémentaires, les week-ends passés à parfaire une présentation pour le lundi, les appels professionnels hors des horaires de travail ou encore les emails intempestifs en vacances ! La démission silencieuse, c'est faire ce qui est indiqué sur son contrat de travail et s'y tenir.

"Peut-on vraiment reprocher à un salarié de ne faire que ce pourquoi il a été engagé ?", interroge Lucie Offrant, co-fondatrice du Cabinet sens & travail à Paris. Qu'est-ce qui se cache derrière ce refus du "toujours plus" ? "Lorsqu'un salarié en arrive à ne s'en tenir qu'au prescrit, cela peut être révélateur d'une certaine accumulation", commence la psychologue. "La démission silencieuse peut être une réponse à une absence de reconnaissance, qu'elle soit symbolique ou financière, à une charge de travail trop importante, ou encore à une perte de sens." L'écho que trouve aujourd'hui le phénomène de démission silencieuse rappelle à la psychologue la quête de sens à laquelle ont fait face certains salariés pendant la crise du Covid, s' "interrogeant sur le sens de leur travail ou plus globalement de leur vie


Pour Lucie Offrant, le quiet quitting s'apparente plutôt à une forme de désengagement : "C'est une manière de se défendre, afin que le travail ne porte pas plus atteinte à la santé que ce qu'il aurait déjà commencé à faire". D'ailleurs, la grève du zèle n'est pas un phénomène nouveau(...)

Une invitation à repenser le sens au travail

La communication doit être le premier réflexe face à un salarié qui présente des signes de démission silencieuse

Face à ce désengagement, difficile, pour les managers, d'adopter la bonne attitude. "Être dans la remontrance, pour moi, c'est se tromper de chemin", signale Lucie Offrant.
Lorsque la qualité du travail demeure intacte, "il n'y a pas vraiment de problèmes", rassure la psychologue. En revanche, la "communication" doit être le premier réflexe face à un salarié qui présente des signes de démission silencieuse. Il faut comprendre pourquoi le salarié réagit ainsi et réfléchir ensemble aux causes du désengagement ainsi qu'aux solutions possibles.
(...) Plus généralement, pour la spécialiste du travail, le phénomène du quiet quitting est "une invitation, pour les entreprises, à s'interroger sur ce qu'elles peuvent apporter aux salariés : comment peuvent-elle redonner du sens au travail et donner envie aux salariés de se projeter ?", interroge la psychologue. Tout un programme.

Joséphine Pelois