Le numérique crée « 2 mondes du travail opposés : les surmenés et les surnuméraires »

31 août 2020

Pour éviter l’aggravation de la fracture sociale, il faut créer de nouveaux emplois, l’automatisation devenant non pas le prétexte de la réduction des coûts, mais le moteur d’une qualité de service inédite.

Fracture grandissante

Les surmenés ont pris le train de l’automatisation, des opportunités qu’elle crée et du mouvement permanent qu’ils apprécient. Mais ils croulent face à l’immensité (passionnante) de la tâche.

Les surnuméraires, eux, ont compris que le processus productif n’a plus besoin d’eux. Pris dans l’accélération, ils vont résister avec l’énergie du désespoir pour conserver ce qui peut l’être. Ils savent que le combat est perdu, mais que faire d’autre que mourir les armes à la main ?

Et la fracture va se creuser, les premiers peinant à réformer, à impulser, voyant partout de la défiance dans l’œil des seconds…

Histoire du remplacement du clivage gauche/droite par celui entre surmenés et surnuméraires 

La suite est l’expression de ce clivage, des « gilets jaunes » à la réforme des retraites : dans les deux cas, les surnuméraires ont dit la place qu’ils n’avaient plus et la crainte de perdre encore.

Alors comment s’en sortir ?

En revenant à l’automatisation. L’automatisation, ce n’est pas la dématérialisation. C’est la création d’une autre expérience.

Alors la question devient : « Comment, en automatisant les tâches pouvant relever des machines, peut-on “désautomatiser” les humains et les replacer sur des fonctions à valeur humaine ajoutée, créant de l’expérience pour soi et les autres ? »

En s’appuyant sur l’automatisation des tâches répétitives, il est possible de dégager du temps humain pour se consacrer à une expérience utilisateur de qualité.

C’est alors que mille tâches intéressantes peuvent s’inventer. Par exemple, pour les ex-hôtes de caisses, tenir des stands de producteurs locaux dans le supermarché afin de répondre à la demande de circuit court.

Le numérique comme allié

Le numérique fait de l’automatisation non pas le prétexte de la réduction des coûts, mais le moteur d’une qualité de service inédite

C’est la responsabilité des acteurs sociaux, mais aussi celle des acteurs du numérique. Il est temps de prendre la mesure de ce que notre révolution produit sur les compétences et l’emploi.

Nous devons aussi être au rendez-vous des faibles qualifications, contre l’irresponsabilité de la disruption qui fait éclater des vies de travail. L’avenir du numérique est d’être responsable, c’est-à-dire capable d’une vision sociale. Faute de quoi il sera l’objet de la colère.