L’entretien annuel, ce long fleuve pénible

08 janvier 2024

La qualité d’un salarié ne peut s’apprécier qu’en parlant vrai, certainement pas devant une grille d'évaluation.
Alors, pourquoi (re) commencer si mal l’année ?

Extraits : lire l'article complet ici

Moment incontournable de début d’année, apostolat managérial du mois de janvier, l’entretien annuel d’évaluation (EAE) est pourtant loin de faire l’unanimité. Et pour cause ! Ce temps d’échange, se voulant "constructif" et "bienveillant", s’avère la plupart du temps un long fleuve pénible. (…)

C’est un outil de management, me rétorqueront ses fervents partisans. Rappelons qu’on ne manage pas avec des outils, mais avec des qualités. (…)

Il faut bien mesurer l’atteinte des objectifs, me diront les défenseurs de ces méthodes arides. Rappelons que si l’entretien professionnel est obligatoire, l’entretien annuel d’évaluation ne l’est pas (sauf si son application est fixée par une convention collective). Il y a par ailleurs bien d’autres manières plus continues, plus proches, plus ajustées d’évaluer un travail sur un temps long que de canarder un collaborateur de questions machinales, impersonnelles et ponctuelles pendant une heure ou deux une fois par an.

C’est une occasion comme une autre de mieux connaître les collaborateurs, renchériront ses pratiquants les plus dévots. Mieux vaut partager un café chaleureux ou un déjeuner sympathique qu’une grille d’évaluation sur Excel pour connaître quelqu’un. (...)

Nous pourrions multiplier les arguments et contre-arguments, mais le contresens de fond des grilles d’évaluation qui sous-tendent ces entretiens, c’est qu’elles cherchent à mesurer, objectiver, chiffrer un salarié. Pour ce faire, elles capturent l’esprit et ramassent les conduites humaines sous l’angle quantitatif. (…)
L’écueil de ces procédures d’évaluation est qu’elles se contentent généralement d’examiner les individus au travers de cadres et de critères qui conviennent davantage aux choses extérieures qu’à la vie de l’esprit, irréductible à une succession d’actions et de moments bien distincts.

En somme, ces EAE ne permettent pour la plupart ni de manager, ni d’évaluer qualitativement, ni de connaître qui que ce soit. Alors à quoi bon les imposer aux salariés comme aux managers chaque année ? Supprimons-les.

(…) Retrouvons des mots et des moments qui parlent d’eux-mêmes. Ouvrons le langage d’affaires à une clarté commune. Faisons des relations de travail des liens simples et francs. Substituons aux entretiens procéduraux qu’une IA pourrait mener des échanges humanisés plus conviviaux, et remplaçons ce moment abhorré de l’année par un soutien régulier dans la durée.